Commençons par comprendre les deux termes Wabi et Sabi :
- Wabi : renvoie à une appréciation esthétique active de la vie en supprimant le poids significatif que nous donnons à nos préoccupations purement matérielles, selon Suzuki Daisetz.
- Sabi : renvoie à une recherche de la beauté dans l’imperfection et l’acceptation des empreintes du temps. Sabi signifierait, toujours selon Suzuki, "la fleur du temps".
Succinctement, Wabi Sabi s’inscrit dans une recherche de l’authenticité avant tout. La référence étant le maître zen Sen no Rikyu (1522-1591) et sa cérémonie du thé. Si l’on parvient un tant soit peu à saisir l’âme japonais, il est possible de comprendre qu’il est inadéquat, dans leur esprit, de faire fi de cette réalité qui fait de nous des êtres éphémères, que notre corps et le monde matériel sont enclins à retourner d'où ils viennent. Il serait plus simple d’accepter de ressentir la beauté des choses imparfaites, éphémères et modestes. Wabi Sabi, selon Suzuki, c’est une certaine pauvreté une appréciation esthétique active qui recherche à supprimer la priorité que nous donnons à nos préoccupations purement matérielles.
A ma question de savoir si l’esprit zen et wabi sabi se complètent, Kakudō san me disait : Wabi Sabi est aussi une manière d’apprécier l’instant qui n’est pas étranger au projet de vie d’un pratiquant du Zen. Mais ce qu’il faut savoir, ajoute-t-il : quand il est question de revenir et de demeurer dans la simplicité, dans l’intimité et dans la sobriété [faire seulement ce qui est nécessaire pour qu’il n’y ait que l’essentiel], il ne reste plus qu’à être pleinement soi-même, se faire singulier et devenir cet idiot qui ne cherche plus à s’empiffrer d’érudition et de gadgets qui éloignent de la réalité. Idiot, parce qu’il s’évertue à aller à l’essentiel et il évite toute proximité avec le faux-savoir qui se fait prendre pour le savoir, le besoin dont on n’a pas réellement besoin. Wabi Sabi, est totalement zen tant il pointe vers les profondeurs de notre essence [nature_bouddha], mais cela demande à chacun d’être créatif pour faire dans l’épuré et si on veut être l’architecte de sa vie. Il me dit : - c’est d’actualité, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas porteur, car cela nécessite de la spontanéité et surtout de l’absence de prétention.
A lire :
Wabi Sabi for Artists, Designers, Poets and Philosophers de Leonard Koren 1994.
Wabi Sabi: the Japanese Art of impermanence de Andrew Juniper 2003.
Wabi Sabi Simple Create beauty, value imperfection, live deeply de Richard Powell 2004.