Lorsque j'ai demandé à Kakudo san si la pratique du Zen pouvait se rapprocher d’une thérapie, il me dit sur un ton amusé que parfois nos recherches nous obscurcissent plus l'esprit qu'elles ne nous aident. Nous confondons la bouteille de vinaigre avec celle de vin, du seul fait qu’elles ont toutes les deux la même forme sur l'étagère de notre cuisine. Les deux sont utiles, mais pas pour les mêmes raisons. Que se passerait-il si l’on mettait du vin dans la salade et si l'on prenait du vinaigre en guise d'apéritif ? Puis il ajoute : on pourrait dire, comme l'a écrit Frédéric Lenoir au sujet du Bouddhisme, qu'il n'y a pas d'adéquation entre la voie du Zen - on l'oublie, mais le Zen est une voie bouddhique - et la demande de ceux qui cherchent une réponse à certaines injonctions.
Faire du sitting avec ou sans zafu devant un bouddha acheté dans un magasin de déco branché dans une pièce qui empeste l'encens à la cannelle et à la camomille, pour se persuader que l'on est en pleine conscience, pourquoi pas ? Mais réfléchissons bien, ne sommes-nous pas loin du Bouddhisme Zen comme de la thérapie ? Il ne faut pas oublier que le Bouddhisme en général est une remise en question du "je" qui est en train de faire l'expérience de . On ne peut pas dire que ce soit de la thérapie et encore moins du développement personnel.
Alors j'osai lui dire qu'Hannah Arendt avait dit que : - quand le moi est tourmenté, il manque de forme, et alors toute identité se dissout, il n'y a plus rien à quoi se raccrocher. Et alors l'identité repose sur la manifestation, manifestation qui est avant tout extérieure.
Cette conclusion est bienvenue me dit-il, regardez donc la posture de cette personne sur cette image, vous avez un exemple de ce qu'il ne faut pas faire, d'où la nécessité de ne pas se laisser bercer par la voix des sirènes dans la presse dominicale qui nous vantent le bienfait des médiations-maisons et de choisir de pratiquer au sein d'un Sangha, avec un Maître bien vivant, bien présent et bienveillant. Sinon c’est un peu casse-gueule.