Du temps du Bouddha, il n'existait aucune structure permettant à un individu de mener une quête spirituelle qui puisse lui fournir : le bien-être, la sécurité, la confiance et une certaine normalité. En créant la communauté de moines, puis celle des nonnes, Bouddha a été un des précurseurs de l'ordre monastique, "le Sangha". Mais les écrits font aussi référence à des hommes ou à des femmes menant une existence tout à fait ordinaire avec une famille et un travail qui réussirent à pratiquer ce que le Bouddha a enseigné. Donc, cela élargit la notion de Sangha et c'est tant mieux ainsi. À notre époque - sans pour cela être des moines ou des nonnes - on peut aussi y arriver, si on le veut bien. Il est vrai qu'il serait plus simple de vivre dans un lieu calme à l'écart de la vie mondaine, dans un gentil monastère, ou une sorte de communauté bisous bisous. Mais comment apporter un réconfort et un soutien si le contact avec nos semblables est absent, ceux qui sont de l'autre côté du mur du potager ? Un Sangha est avant tout une communauté de pratique qui s'associe ou qui se regroupe dans le dessein d'un partage. Dès qu'il y a pratique et qu'il peut s'instaurer une relation et une prise de décision communautaire, alors il y a Sangha et il n'y en aurait pas sans cette volonté.

Comment aider et faire partie d'un Sangha ? D'abord, bien comprendre que ce n'est pas le sangha qui intègre, c'est nous qui nous agrégeons à lui. Puis faire naître en soi la flamme d'une pratique concrète sans se limiter par des vœux pieux, et se mettre au service du Sangha. C'est lui qui exprime le besoin, pas nous qui exigeons une place. Il faut se faire à l'évidence, il faut vouloir et finir par pratiquer dans un Sangha même avec toutes les imperfections qu'on peut lui trouver. Il se trouve une myriade de blogs sur la toile où les rédacteurs éructent leur prose macérée dans leurs frustrations et leurs rancoeurs, mais il ne faut pas oublier que le Sangha reste encore, expérience faite, la meilleure façon de garder la pratique vivante, même s'il est imparfait.
Rév. Kakudo
Rév. Kakudo