Si vous me le permettez, je m’en vais vous conter mon histoire. Encore débutant dans la pratique comme je le suis aujourd’hui, il m’est arrivé d’avoir une envie inexplicable de me frotter avec Kakudō Sensei. J’avais préparé avec sérieux ma question et le moment de mon intervention. Le moment, il nous l’octroie chaque samedi, j’avais donc l’embarras du choix, et pour ce qui est de ma question, j’en avais pioché une sur le net. Il se trouve qu’il y en a à foison sur le net, des phrases supposées de Maître zen. Je vins vers lui, fis les prosternations d’usage et lui posai ma question. Une que j’avais choisie parmi celles notifiées d’anonymes.
- Maître, j’en rajoutai un peu sachant que cette dénomination ne lui plait guère, lorsqu’il n’y a plus rien à faire, que faites-vous ?
Kakudō Sensei me sourit, ne dit rien, se mit à ajuster son kesa et rectifia sa posture. Croyant qu’il ne m’avait point compris, je réitérai ma question, me disant qu’il finirait par me répondre ! Il n’en fit rien. Puis le responsable du Zendo sonna la cloche. Kakudō Sensei se leva, s’inclina devant l’assemblée puis devant l’autel et sortit. Mes compagnons lui emboitèrent le pas. Je restais immobile en Seiza, au milieu de nulle part. Je finis par sortir aussi, mais péniblement il est vrai.
Dans les vestiaires, j’avais une envie folle de me rebeller. Il aurait pu tout de même me donner une réponse dans le pur style de ma conception du Zen : Maître Suzuki aurait dit que… ou encore Maître Deshimaru aurait dit que… et cela m’aurait suffi. Eh bien non, il sortit sans mot dire en me laissant en Seiza.
Croyez-vous vraiment qu’il y avait à répondre à cette question par des mots cueillis dans la nasse aux vieux os blanchis ? Il fit ce qu’il fit et moi je ne fis rien d’autre que Seiza. C’était la réponse, ma réponse à la question, mais pas la sienne. Lui, il avait compris. Il se leva et sortit. Moi je compris bien plus tard, et au moment venu, je fis Sampai un matin au rythme des chants des corneilles. On s’est souri sans fioriture aucune.
Je vous serai gré cher comité de lecture de publier mon histoire en ajoutant comme paraphe la mention : Anonyme.
Traduction :Un vieux proverbe japonais dit: "Même les singes tombent des arbres."(mo ki kara Saru ochiru -も木から落ちる.猿)
(Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium )
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