Le serpent volant dont je vais vous parler, existe-t-il réellement ou est-ce une légende ? Je ne sais pas, mais certains animaux qui ont nourri mon imaginaire durant mon enfance ont été à présent découverts dans la forêt primaire malgache. Quand je vois une photographie d’un fossa, je me dis pourquoi pas un serpent volant ? Il en existe dans certaines forêts primaires d’Asie, je l’ai vu sur wikipedia, mais ils sont de très loin pas semblables à celui dont j’ai entendu parler. Le serpent volant de mon enfance a l’âme humaine. Non ce n’est pas une chimère. C’est vraiment un serpent, mais sorti de la tête de mon vieux Dadabe [grand-père] à la couleur d’ébène. Rien ne m’étonne, plus de 8o% des espèces vivant à Madagascar n’existent nulle par ailleurs, y comprit mon Dadabe.
Dadabe un jour me dit : petit, il ne faut pas flâner des heures entières dans les bois, en rêvant à en perdre la raison. Sois attentif aux avertissements du serpent volant. Dans ma petite caboche, je me disais : Un serpent volant, pourquoi pas un serpent à roulettes ? Le Dadabe devrait moins lire son BAIBOLY, moins faire de vavaka (prières) et ne pas se perde entre la Genèse et l’Apocalypse.
Dites vous bien, Dadabe c’est Dadabe, cela rime avec respect. Il avait le droit de divaguer, tu pouvais en rire dans ta tête, mais tu avais intérêt à l’écouter, car il savait pleins de trucs pas très catholiques, mais utiles. Il prit son temps pour me raconter et il annexa le mien. En l’écoutant, je me disais en sourdine, le serpent volant ne lui avait pas mangé la langue à ce vieux radoteur. Qu’en savait-il, avait-il au moins une fois rencontré cette bestiole ? Pourquoi plutôt volant qu’ à roulettes ? Je doutai, mais j’écoutai. Dadabe, il était du genre too many notes.
Non, le serpent volant n’est pas à roulettes et n’a pas quatre pattes ni d’ailes non plus, dit-il. Dadabe aurait-il le don de lire dans mes pensées ? – Il était intarissable, et continua en me disant : C’est jeune qu’il nous faut écouter ses avertissement, mais malheureusement c’est une fois vieux que l’on en prend conscience. Tiens Dadabe, en plus de voler il te parle le serpent? Non, petit makake blanc à la tignasse crépue, tu le ressens comme un nœud là sous le nombril. Alors pourquoi volant ? Parce qu’il est partout où tu passes ton temps à rêver à un avenir radieux en oubliant d’apprendre à te connaître. A plusieurs reprises, il t’a averti d’aller à la conquête de toi-même, en envoyant sur ta tête brindilles, feuilles mortes et fruits pourris (joie, tracas et déceptions). Trop concentré sur ta petite personne, tu fais fi de ses recommandations ou de t’entendre intimement, préférant écouter des chimères pour être ce dont tu rêves être. Au lieu de rêver à ta grandeur, tu rêves de la gradeur. Pour te protéger il n’a jamais cesser de te protéger en te mettant en garde. Il est toujours là même lorsque l’ on ne peut plus traîner ses envies d’être autre dans les bois des illusions. Soudain, il s’arrêta de parler et fixa le temps en gardant la pause façon Baobab, puis il me dit, va donc jouer au con qui s’adore . Dadabe, lui dis-je, c’est conquistador. Et lui me dit, j’ai un problème avec le français qui se prétend être moi. Là, tu as intérêt de t’en aller et ne revenir que lorsqu’il aura finit de fumer sa pipe. Donc deux jours plus tard.
La chronique du dimanche de Jikei 慈恵 pour Zenplanet (Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium ) Une faute d’orthographe, une erreur à signaler ? Une précision à apporter ? Ecrivez nous. [Crédit photo Google]