Lors de ce tournoi amical, le maître de cérémonie fait circuler de l'encens parmi l'assemblée selon un certain rituel, comme on sait si bien le faire au Japon. Le but : chacun doit reconnaître l'encens qui lui est présenté, choisir la carte correspondante et la déposer dans une urne en origami.
Première chose à faire, acquérir les gestes justes, qui sont bien entendu codifiés. L'attitude juste doit naître de la discipline et de la concentration, nous fait comprendre le maître de cérémonie. Ce n’est pas qu’une question de flairer des odeurs. Sentir ces odeurs subtiles, ajoute-elle, c’est avant tout écouter et entendre ce qu’elles évoquent en nous, c’est une autre manière de voir sa nature véritable. Serait-on au zendo ? Non, nous sommes bien au consulat du Japon à Genève.
Ce n’est pas si simple de distinguer les subtilités de chaque fragrance, même présentée avec minutie et grâce. Alors le maître de cérémonie nous rassure et nous dit : il faut des années de pratique pour parvenir à distinguer les nuances subtiles des encens, le Koh-do n'est pas une discipline mondaine gorgée de préciosité, c’est un art de vivre et une pratique spirituelle avant tout.
Après que nous ayons tous écouté et ressenti, c’est le moment de vérité ; l’arbitre dépouille l’urne et consigne les résultats. Subitement, nous passons du nez qui écoute au cœur qui bat. La salle tout entière est comme figée, il n’y aura qu’un gagnant par groupe. C’est simple : Il faut avoir tout juste.
Proclamation des résultats. Moment de suspens. Le cœur sort son tambour. Surprise, surprise !!! C’est le petit homme avec de l’embonpoint et le crâne rasé, notre Kakudo san, qui sort vainqueur du tournoi. Le voilà muni d’un beau document attestant que ce soir il a eu du nez.
Sur la route de retour, il nous dit tout bas : Lorsqu’il est question de concentration et de discipline, il nous faut toujours être présent. Honneur oblige.