jeudi 10 décembre 2009

Le repas des moines Zen | Shōjin Ryōri

Shōjin |精进 donne vigeur et Ryōri | 料理 veut tout simplement dire cuisine, mais ce n’est pas seulement faire de la cuisine. C’est avant tout une recherche mêlant la simplicité à la subtilité pour nourrir un corps et un esprit sur le chemin de l’Eveil. Ce n’est donc pas qu’un art culinaire qui consiste à préparer des plats avec des légumes de saison, servi avec des algues, du soja et des pignons de pin, des noix, de l’igname et des champignons en utilisant très peu d’assaisonnement pour favoriser les saveurs, sans viande ni poisson, le tout disposé dans un bento, mais une pratique et une tradition. Elle serait originaire de Chine et elle est toujours présente dans les temples Zen du Japon depuis le 13ème s.

La vie dans un temple Zen est stricte et comme dans tous les monastères on y travaille beaucoup de ses mains. On peut se demander si un tel régime est équilibré ? Nous l’avons demandé à ceux qui ont eu à vivre avec ce régime lors de leur formation au Japon. Ce qui est récurant dans leurs réponses, c’est le goût retrouvé des aliments et surtout une discipline parfaitement décrite par Maître Dōgen dans son ouvrage Tenzō Kyōkun.

Dans un monastère Zen, Shōjin Ryōri |精进料理 signifie bien plus que seulement préparer et manger, c’est une partie de la pratique quotidienne et le temps du repas est un moment de réflexion, de savoir si l’on s’en sent digne. Au temple Zen où j’ai demeuré, nous relatait Kakudō san, nous mangions pour vivre en bonne santé et c’était minimal mais tout à fait suffisant. Ce régime, nous le considérions ainsi au début de notre séjour, avait pour but de nous clarifier l’esprit et nous éviter toute confusion.

L’intégration est-elle passée par une acculturation ?
Il nous dit tout simplement : - nous étions au Japon, c’était plus simple de vivre comme eux, mais vivre en tant que moine zen ce n’est pas se revêtir d’une nouvelle identité communautaire ou culturelle. Agir de la sorte dénote d’un manque de maturité.. Nos condisciples japonais nous répétaient inlassablement : Imprégnez-vous de l’esprit bouddhique et de celui de Maître Dōgen et vous ferrez Shōjin Ryōri avec les ingrédients et les humeurs de vos pays respectifs.

Les goûts et les ingrédients sont différents au Japon ; comment le Zen en Occident a-t-il intégré cette discipline ? Nous sommes allés voir du côté du monastère de Tassajara en Californie où le Zen à l’Occidentale est bien plus engagé qu’en Europe, et nous avons décidé de suivre les expériences d’un certain moine Ed Brown.
Qui est Ed Brown ? - Il fut disciple de feu Maître Suzuki et durant des années le chef cuisinier de Tassajara. Il a commis un livre de recettes : The Complete Tassajara Cookbook: Recipes, Techniques, and Reflections from the Famed Zen Kitchen et un Dvd : How to Cook Your Life (2007).



Le livre  de recette du moine Ed Brown est disponible sur notre site à la rubrique librairie en langue anglaise : Le comptoir des cimes.