mercredi 30 décembre 2009

Shōji | 生死 Naître et mourrir | Maître Dōgen

1-Quand un Bouddha n'est plus dans le processus de la souffrance, il n'y a ni naissance, ni mort.
Hors du processus de la naissance et de la mort, il n'existe pas de Bouddha.
Nous devons ces périphrases aux Maîtres Kassan Zen'e et Jozan Shinei. Ils étaient des hommes de bon sens et nous devrions étudier avec soin ce qu'ils ont dit. Si vous souhaitez vous détacher du processus de la souffrance, il est essentiel de comprendre leurs propos.
2- Essayer de trouver Bouddha hors de Shōji , c'est comme pointer le nord sur une carte quand vous voulez aller au sud, ou rechercher la grande Ourse en scrutant la partie sud du ciel. Si vous agissez ainsi, vous vous égarerez dans votre quête.
3- Pour accepter le processus de la naissance et de la mort comme le nirvāna, il n'est nul besoin de l'avoir en horreur ou de rechercher le nirvāna. C'est seulement de cette manière que vous pourrez vous détacher du processus de la souffrance.
4- C'est une erreur de croire que la naissance se transforme en mort. La vie est un état intégral, possédant une période distincte avec déjà un passé et un possible futur. C'est ce que veut dire dans le bouddhisme le terme de non_naître . L'arrêt de la vie est aussi un état intégral, une période particulière avec déjà un passé et un possible futur. L’extinction est vue comme non_extinction5 . Lorsque l'on parle de naissance, il n'y a rien d'autre que naître. Lorsque l'on parle de mort, il n'y a rien d'autre que mourir. Quand toutes deux surviennent, nous devons les accepter telles qu'elles sont. Ne rejetez ou ne désirez rien d'autre.
5- Etre Bouddha c’est aussi naître et mourir. Si vous détestez et rejetez ce fait, alors vous ne deviendrez jamais Bouddha. Mais si vous vous y attachez, vous ne deviendrez non plus Bouddha et vous n’en connaîtrez que l’apparence. C'est seulement lorsque vous serez en mesure de ne plus détester Shōji et que vous aurez cessé de désirer le nirvāna, que vous pénétrerez l'esprit du Bouddha. N'essayez surtout pas de le définir avec votre esprit ou de le décrire avec vos mots. Lorsque vous aurez abandonné le corps et l'esprit, alors la réalité du Bouddha vous guidera. Si vous suivez cette Voie, vous vous détacherez de Shōji. Sans effort et sans l'aide du mental, vous deviendrez Bouddha. Si vous comprenez cela, il n’y a plus aucun attachement.
6- C'est la Voie facile pour devenir Bouddha. Ne créez pas le mal, ne soyez pas attaché à Shōji. Ayez une profonde compassion pour tous les êtres sensibles. Respectez ceux qui sont au-dessus de vous et soyez aimable envers ceux qui sont au-dessous. Abandonnez haine et envie, peine et mesquinerie. C'est ce que l'on entend par être Bouddha. Ne recherchez rien d'autre.



lundi 28 décembre 2009

Departures |Okuribito | 禮儀師之奏鳴曲

Departures | l'Oscar du meilleur film étranger.

Le film japonais Departures ou Okuribito |禮儀師之奏鳴曲 |おくりびと est l'adaptation du récit de Shinmon Aoki intitulé Nokanfu Nikki [Journal d'un croque-mort bouddhiste].
Après la dissolution de l’orchestre classique dans lequel il jouait comme violoncelliste depuis des années à Tokyo, Daigo Kobayashi retourne à Yamagata, province rurale au nord du Japon. Daigo répond à une annonce pour un emploi "d'aide aux départs", pensant qu'il s'agit d’une agence de voyages, il postule pour le poste. La réalité est tout autre, il est question d’officier en qualité de croque mort dans une entreprise de pompes funèbres. Par nécessité financière, il accepte.


On a aimé ce film.
Origine du film : japonais
Réalisateur : Yojiro Takita
Titre Original : Okuribito

dimanche 20 décembre 2009

Le chant de l’illumination silencieuse |Wanshi Shokaku (1091-1157)

Dans le silence,
quand sereinement les mots sont délaissés, à nous se révèle l’évidence.
Lorsque nous en prenons conscience, le temps se confond en éternité.
De cette expérience prend vie notre monde.
Cette singulière réalité est l’entendement.
Cet enchantement est pure bénédiction,
comme la silhouette de la lune, une rivière d’étoiles,
la neige sur les pins et les nuages
recouvrant les sommets des montagnes.
Dans les ténèbres ils sont éblouissants.
Dans l’obscurité ils rayonnent.
Semblable aux sensations du héron volant dans l’espace infini.
Comparable à l’eau limpide et immobile d’une mare en automne.
L’éternité se résout à l’inutilité, plus rien ne se distingue.
Dans cet entendement tout effort est oublié.
Où peut résider cet enchantement ?
Dans le processus de la compréhension,
celle qui bouscule les habitudes, la voie de l’illumination silencieuse,
l’essence de l’infiniment petit.


Pour saisir l’ imperceptible, une navette d’or sur un métier de jade.
Sujet et objet agissent l’un sur l’autre, lumière et obscurité sont interdépendantes.
On ne peut se fier ni à l’esprit ni à la lettre, pourtant ils s’influencent mutuellement.
Buvez le remède des vues justes, battez le tambour des calomnies infectes.
Quand vues justes et calomnies se confondent,
cessation et production ne dépendent que de soi.
L’invité surgit sur le pas de porte, le fruit mûrit sur la branche.
Le silence est l’ultime enseignement, L’entendement est la réponse universelle.


La réponse est dénuée d’effort, l’enseignement est inaudible à l’ouïe.
Toutes les expressions de l’univers rayonnent et prêchent le Dharma.
Ils se certifient mutuellement et répondent réciproquement à leurs questions.
Questions, réponses et certifications s’accordent en parfaite harmonie.
Lorsque l’entendement est sans sérénité les distinctions apparaissent.
Des questions, réponses et certifications naissent le désaccord.
Sans la sérénité, l’entendement disparaît et tout devient vain et accessoire.
Quand l’illumination silencieuse est accomplie, la fleur de lotus fleurit, le rêveur s’éveille.
Des centaines de rivières serpentent vers l’océan.
Des milliers de sommets s’élèvent des fières montagnes.
Comparable au cygne préférant le lait à l’eau.
Semblable à l’abeille butinant le pollen des fleurs.
Quand l’illumination silencieuse devient la raison ultime,
je perpétue la tradition de ma lignée
qui n’est rien d’autre que cette illumination silencieuse
qui vous assaille de partout et vous pénètre au plus profond de vous-même.


Traduction Centre Zen Soto | Hosenji | Genève
Lire d'autres textes sur  : Zen Book

dimanche 13 décembre 2009

SANDOKAI | Maître Sekito Kisen (Shih-t'ou Hsi-Ch'ien 700-790)


L’esprit du plus grand Sage de l’Inde s’est répandu indicible d’Est en Ouest, et à cette source pure, saisissons cette vérité comparable à un ruisseau limpide. Bien que l’esprit humain soit brillant ou sans intérêt et que la Voie véritable puisse être multiple, aucun Patriarche n’est du Nord ou du Sud.
Nos attachements aux choses suscitent la notion d’absolu qui se transforme en illusions. Les sens et tous leurs objets, accèdent à une relation unisante ou séparente, conservent leurs caractéristiques propres tout en étant interdépendants.
Ce qui est vu et ce qui est ressenti diffèrent totalement, la voix dégagée de tout contexte est ni plaisante ni désagréable. L’affirmation – comme haut ou bas - et la banalité de nos propos mènent à la confusion. La transparence de nos dires permet de discerner ce qui est confus de ce qui est intelligible.
Chacun des quatre éléments s’attire mutuellement, comme l’enfant l’est par sa mère. Le feu chauffe, le vent remue, l’eau mouille, la terre porte. L’œil et la vision, les oreilles et le son, le nez et les odeurs, la langue et le goût. Ainsi toute chose se propage à partir des racines comme les feuilles à partir des branches.
Le commencement et la fin proviennent de la même genèse. Haut et bas sont utilisés conjointement. La lumière implique l’obscurité. Cela ne peut être démontré que par la seule existence de l’obscurité. L’obscurité implique la lumière, à nouveau cela ne peut être démontré que par la seule présence de la lumière. Obscurité et lumière s’opposent mais dépendent l’une de l’autre, comme dans la marche le pas gauche suit indubitablement le pas droit.
Toutes choses possèdent un potentiel immanent infini, mouvement et immobilité se contiennent mutuellement. De l’absolu surgit le relatif, comme une boîte et son couvercle. De l’absolu surgit le relatif, comme deux flèches se percutent en plein ciel. Comprenez cette vérité fondamentale en saisissant le sens profond de ces mots. Écoutez ! Ne créez pas vos propres opinions.
Si vous n’êtes pas à même de saisir la vérité fondamentale en en faisant l’expérience à l’aide de vos cinq sens, comment voudriez-vous trouver la Voie, alors même qu'elle est sous vos pieds? Lorsque l’on chemine sur la Voie, il n'est nullement question de distinction comme proche et éloigné. Si vous vous égarez en de telles notions, alors les montagnes et les rivières seront des obstacles.
C’est pourquoi, je voudrais offrir ceci à tous ceux qui recherchent profondément la Vérité : Ne perdez pas votre temps.
(Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium )
Traduction Française : Rd  KAKUDO PIERRE GERARD

Explication du texte par  Shunryu Suzuki Roshi  part 1



Shunryu Roshi Interviews | Suite sur Youtube
 Part2 - Part3 - Part4 - Part5

jeudi 10 décembre 2009

Le repas des moines Zen | Shōjin Ryōri

Shōjin |精进 donne vigeur et Ryōri | 料理 veut tout simplement dire cuisine, mais ce n’est pas seulement faire de la cuisine. C’est avant tout une recherche mêlant la simplicité à la subtilité pour nourrir un corps et un esprit sur le chemin de l’Eveil. Ce n’est donc pas qu’un art culinaire qui consiste à préparer des plats avec des légumes de saison, servi avec des algues, du soja et des pignons de pin, des noix, de l’igname et des champignons en utilisant très peu d’assaisonnement pour favoriser les saveurs, sans viande ni poisson, le tout disposé dans un bento, mais une pratique et une tradition. Elle serait originaire de Chine et elle est toujours présente dans les temples Zen du Japon depuis le 13ème s.

La vie dans un temple Zen est stricte et comme dans tous les monastères on y travaille beaucoup de ses mains. On peut se demander si un tel régime est équilibré ? Nous l’avons demandé à ceux qui ont eu à vivre avec ce régime lors de leur formation au Japon. Ce qui est récurant dans leurs réponses, c’est le goût retrouvé des aliments et surtout une discipline parfaitement décrite par Maître Dōgen dans son ouvrage Tenzō Kyōkun.

Dans un monastère Zen, Shōjin Ryōri |精进料理 signifie bien plus que seulement préparer et manger, c’est une partie de la pratique quotidienne et le temps du repas est un moment de réflexion, de savoir si l’on s’en sent digne. Au temple Zen où j’ai demeuré, nous relatait Kakudō san, nous mangions pour vivre en bonne santé et c’était minimal mais tout à fait suffisant. Ce régime, nous le considérions ainsi au début de notre séjour, avait pour but de nous clarifier l’esprit et nous éviter toute confusion.

L’intégration est-elle passée par une acculturation ?
Il nous dit tout simplement : - nous étions au Japon, c’était plus simple de vivre comme eux, mais vivre en tant que moine zen ce n’est pas se revêtir d’une nouvelle identité communautaire ou culturelle. Agir de la sorte dénote d’un manque de maturité.. Nos condisciples japonais nous répétaient inlassablement : Imprégnez-vous de l’esprit bouddhique et de celui de Maître Dōgen et vous ferrez Shōjin Ryōri avec les ingrédients et les humeurs de vos pays respectifs.

Les goûts et les ingrédients sont différents au Japon ; comment le Zen en Occident a-t-il intégré cette discipline ? Nous sommes allés voir du côté du monastère de Tassajara en Californie où le Zen à l’Occidentale est bien plus engagé qu’en Europe, et nous avons décidé de suivre les expériences d’un certain moine Ed Brown.
Qui est Ed Brown ? - Il fut disciple de feu Maître Suzuki et durant des années le chef cuisinier de Tassajara. Il a commis un livre de recettes : The Complete Tassajara Cookbook: Recipes, Techniques, and Reflections from the Famed Zen Kitchen et un Dvd : How to Cook Your Life (2007).



Le livre  de recette du moine Ed Brown est disponible sur notre site à la rubrique librairie en langue anglaise : Le comptoir des cimes.

dimanche 6 décembre 2009

Ecole du sourire de Bouddha | Zen Care Info


L’école du Sourire de Bouddha  est une école primaire dirigée par Rajan Kaur Saini de Sarnath, Inde du Nord, qui scolarise 220 enfants de la caste des intouchables. Elle est gérée par une association qui s'est donnée pour  mission d’éduquer , donc de  donner de l’espoir à des enfants les plus démunis au monde, dont les familles s’échinent à gagner leur vie comme chiffonniers, mendiants, cyclo pousses , journaliers et confectionneurs de colliers de graines de mala.

Lien de l'association pour en savoir plus : Buddha's Smile School

Si Bouddha était marié


If the Buddha Married: Creating Enduring Relationships on a Spiritual. Path. 
Pour ceux qui mènent une quête spirituelle et une relation amoureuse, cet ouvrage les invite à le faire au sein de relations dynamiques vraies et sincères.
Charlotte Kasl, Ph.D., est reconnue pour sa capacité à parler avec profondeur et humour des questions de cœur. Dans ce livre elle mêle les principaux enseignements boudhiques avec des éléments de psychologie et nous livre une sorte de guide plein de sagesse.
Langue : Anglaise
Disponible : Comptoir des Cimes

Ethique Bouddhique | Le livre

Il est indéniable que la fin du XXe siècle a été marquée par un intérêt certain pour le bouddhisme. Les occidentaux semblaient y voir une alternative ou un complément à leurs propres croyances ou à leurs pratiques. De nombreux ouvrages ont été publiés ces dernières années pour répondre à cet engouement, mais ils ne font pas, dans la majorité des cas, référence à la dimension éthique du bouddhisme.
Damien Keown, auteur de cet ouvrage tente de répondre à la question de savoir comment le Bouddhisme pourrait aider à résoudre une série de questions éthiques que  l’Occident se pose, allant de l'avortement au suicide.

Buddhist Ethics: A Very Short Introduction
Langue : Anglaise
Disponible section librairie : Comptoir des cimes

vendredi 4 décembre 2009

ROHATSU | 臘八 | SESSHIN

Il est reporté dans les écrits que Gautama Shākyamuni, après avoir médité toute la nuit, vit au petit matin une étoile resplendissante et qu’il eut soudainement la compréhension absolue DAIGO | 大悟 et qu’il ait dit : « Moi et tous les êtres sur la grande terre avons simultanément réalisés l'éveil. » Selon la tradition, cela se serait passé le huitième jour du douzième mois de l’année. Dans notre calendrier, cela correspondrait au 8 décembre.
Chaque année à cette date, dans l’école Zen Sōtō, est organisée une session qui dure sept jours, c’est la sesshin de Rōhatsu | 臘八 - littéralement la session de 8 jours – qui débute le 1er décembre et prend fin le 8 décembre aux aurores. Une autre manière de commémorer ce matin historique.
Pour des raisons d’équité, au Centre Zen sōtō | Hōsen Ji, elle ne dure que deux jours et une nuit - cette année du 5 au 6 décembre. Pourquoi ? - C’est pour permettre à tous ceux qui pratiquent en son sein de commémorer ce moment historique par la pratique.
Kakudō_san nous rappelle : « C’est la tradition d’Hōsen Ji d’offrir à tous la possibilité de faire l’expérience de Rōhatsu. C’est ainsi depuis la création du Centre et je m’engage qu’elle ait toujours lieu, dussé-je être, par hasard, seul dans le zendō. »
Il ajoute : « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette pratique intense est l’expérience du non_évènement, car c’est le moment où il est possible de se défaire de tout ce qui nous entrave - muge | 無礙 -  de l’idée que l’on se fait de l’Eveil parfait et de l'idée qe l'on se fait de soi-même.  Pourquoi voudriez-vous que cela soit un évènement ? Cela a déjà eu lieu, nous ne sommes que ce potentiel_éveil qui ne demande qu’à s’exprimer. Nous sommes déjà tous des bouddhas, mais il ya encore des personnes qui doutent ou qui préfèrent l’ignorer. »