dimanche 31 juillet 2011

Les Entretiens de Yuki avec Kakudo Osho

Yuki pour Zenplanet : N’étant pas parvenue à organiser ma pensée sur la vacuité, je ne sais si elle est une réalité, une symbolique ou encore une métaphore, j’ai encore préféré différer notre entretien sur le sujet.
Aujourd’hui, je souhaiterai m’entretenir avec vous de certains points qui me permettraient de mieux vous appréhender. Pourriez-vous me dire ce que vous tentez de nous enseigner ?
Kakudō Osho : C’est une bonne question, à poser à ceux qui prétendent vouloir enseigner et transmettre, il vaudrai mieux en effet qu’ils le sachent et qu’ils en donnent une garantie.
Puis-je m’attarder un moment sur la nature même de votre question ? Vous avez bien dit «tenter d’enseigner» n’est-ce-pas ? Alors que je vous ai répondu que c’était une bonne question à poser à ceux qui prétendent vouloir le faire, à priori pas à moi.
Voyons pourquoi tenter, mais non pas vouloir enseigner ? Tenter d’enseigner diffère du vouloir enseigner, n’est-ce-pas ? Tenter, c’est plutôt entreprendre avec l’intention de réussir, alors que vouloir c’est avoir la volonté d’enseigner ou le désir d’enseigner car on se croit porteur d’un savoir. Je vais peut être vous décevoir, mais je n’ai pas ce désir ni cette volonté d’enseigner, car je ne me crois pas plus porteur du savoir Zen que vous. J’opte plus volontiers pour entreprendre avec l’intention d’éveiller l’intérêt à l’étude de soi-même.
Yuki : Je réitère ma question : pourriez-vous me dire ce que vous tentez de nous enseigner ?
Kakudō Osho : Dans votre question, ce qui me semble être sous-jacent est la notion de norme et surtout celle de la place.
Est-ce bien ici que l’on enseigne selon la méthode de ? Etes-vous accrédité Eduqua ?
Ce que vous vouliez me demander est en partie influencé par cela. Votre question pourrait alors être : Que me proposez-vous comme enseignement pour être un éveillé ?
Que me proposez-vous pour que je puisse avoir une patente reconnue par l’administration fédérale ?
Qu’avez-vous de plus, puisque je peux trouver sur internet tout ce que je veux ?
Précédemment, je vous ai dit que j’optais volontiers pour le verbe «tenter». Maintenant, si vous le voulez-bien, voyons comment je conçois le fait d’enseigner ? On enseigne d’abord un savoir à celui qui le veut, et pour bien apprendre il faut que ce savoir puisse être exploitable.
Comme la base de notre pratique est de s’étudier soi-même et que cette étude est l’étude du bouddhisme, selon maître Dôgen, chacun a donc son propre rapport avec ce savoir.
Ce savoir est ce qui découle de ce rapport dynamique du soi-même avec la tradition, la structure, les valeurs bouddhiques zen et le monde. Il n’existe que par cette dynamique. Il est ce qui est transmis et enseigné de soi-même à soi-même. A ceux ou celles qui le souhaitent, nous sommes ensemble amenés à créer d’abord l’espace et le temps de pratique, comme nous l’a enseigné Maître Dōgen. Il ne me reste plus qu’à être, dans l’espace et le temps, le garant de la tradition (de ceux qui font une priorité l’étude du soi-même) et celui qui autorise en toute sécurité à cette dynamique de se produire.
Ce qui est tenté d’être enseigné, c’est le dépassement de ce sentiment d’insécurité au monde, autrement que par la satisfaction de l’ego se proclamant connaissant et qui se bâtit un mur sécuritaire par le savoir.
Souvent, le vouloir enseigner et transmettre demande la soumission à l’égard du maître, alors que dans ce qui est tenté d’être enseigné il n’y a aucune soumission demandée autre que celle aux trois trésors : le Dharma, le Sangha et le Bouddha. Là est la structure. Là est l’enseignement.
Yuki : Quel est le rôle du maître ?
Kakudō Osho : Il a le rôle que vous lui permettez, donc une certaine prudence et un quant à soi s’imposent. Bien que l’on dise que le disciple ne fait pas le maître, c’est encore à lui de décider à qui il veut confier cette tâche et c’est au maître d’accepter ou non.
Le premier rapport de maître à disciple, c’est le face à face au mur. Mais comme je le disais à l’un de vos compagnons de pratique, je ne parviens pas à faire d’un moine zen ou d’un maître zen un thérapeute même de l’âme, tout comme je ne parviens pas à inclure le Zen dans une logique du bien-être ou de l’épanouissement personnel. Tout cela me semble être une dérive utilitariste s’appuyant sur l’idée que le spirituel est dans tout.
Le maître ne sait pas tout. Il n’est pas tout. Il est ce qu’il est et il l’assume. Il est le maître parce que c’est vous et parce que c’est lui. Il est garant et autorise la dynamique. Il permet à chacun de s’appuyer sur lui pour mener son chemin, mais évite qu’il y ait dépendance et intrusion.
Yuki :  « Parce que c’est lui parce que c‘est moi » cela sonne étrangement à du Montaigne ?
Kakudō Osho : Tout à fait, il y a entre le maître et le disciple une relation que la raison ne saurait expliquer. C’est une relation émancipatrice.
Yuki : Si c’est un rapport privilégié, le maître ne peut humainement entretenir ce genre de rapport avec un grand nombre de personnes ?
Kakudō Osho : Aujourd’hui, cela semblerait techniquement possible si l’on fait l’amalgame entre disciple et auditeur. Tant que l’on parle de lui et qu’il peut répondre à la demande, il aura beaucoup d’auditeurs ou de followers. Il devient alors une sorte de marque qu’il serait bon de suivre pour être dans la norme du moment. Finalement, évènements et gyoji seraient-ils devenus des synonymes ?
Yuki : De son vivant Bouddha avait une myriade de disciples, non ?
Kakudō Osho : Sait-on réellement ce qu’était la situation au temps du Bouddha ? Je pense qu’il avait dû avoir un assez grand nombre d’auditeurs et surtout il avait un sangha. In fine, le Bouddha que l’on connaît ne serait-il pas que l’icône d’une organisation ?
 Bouddha aurait-il été le Steve Jobs de l’époque ?
Et maintenant si nous prenions un thé ? Qu’en pensez-vous ?
Yuki : Merci
Les entretiens  de Yuki  雪 pour Zenplanet.wordpress.com
(Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium Une faute d’orthographe, une erreur à signaler ? Une précision à apporter ? Ecrivez nous.
[Crédit photo KHZ-V]

The Condors - New Bon Odori Ikebukuro




Le Japon n'est pas mort et a la pêche ! Voilà comment le groupe The Condors voit les danses traditionnelles de l'été avec le New Bon Odori à ikebukuro (Tokyo)

mardi 26 juillet 2011

le moine et la reine des frelons


Le frelon géant du Japon est redoutable. Il possède suffisamment de venin pour tuer un homme et grâce à ses terribles mandibules il dévore implacablement ses ennemies, les abeilles.
Suivez les aventures d'une reine frelon qui s'éveille de quatre mois d'hibernation sur l'île japonaise de Honshu, la plus grande des îles nippones. Durée 49'.




le moine et la reine des frelons (1)


Suite 2 et 3

lundi 11 juillet 2011

Le Zen est devenu un vrai business - Emission suisse romande

Résumé : De plus en plus de gens recherchent chez eux le calme et la sérénité. C'est devenu une vraie mode. enquête sur le commerce du zen. 




samedi 2 juillet 2011

Comprendre Shin Jin Datsuraku |身心脱落 autrement



C’est dans les Carnets de Chine que Maître Dôgen relate les faits qui l’amenèrent à comprendre le sens de Shinjin Datsu Raku – abandonner le corps et l’esprit.
Cette maxime n’est pas aisée et devrait susciter de notre part un questionnement, celui de savoir si nous l’avons bien intégrée. Car il ne faudrait pas que l’acte d’abandonner le corps et l’esprit devienne une aliénation ou une régression.
Pour Platon, donc pour notre civilisation Judéo-chrétienne, le corps est cette chose qui ne veut pas être dominée et comme c’est avec lui que nous entrons un rapport avec le monde, il est impératif de le soumettre à l’esprit. C’est ainsi que nous percevons la libération de notre corps. Le soumettre à son esprit, c’est vouloir le contenir. Ce faisant, on finit par être mal et on tend vers le rigorisme, bien qu’il soit nécessaire parfois de le faire pour ne pas basculer dans la violence. S’en libérer, c’est l’abandonner à l’expression de ce qu’il est totalement, l’accepter tel qu’il est. Le vouloir autrement, c’est nier sa fragilité alors que l'on devrait lui conférer toute notre attention.
C’est du corps que paraît l’expression de notre être, et pour certains cela justifie qu’il soit réparé, contenu, caché, gommé. Alors qu’il nous faudrait le ré-habiter et lui permettre d’exprimer ce pourquoi il est fait : le geste. C’est du geste que l’on échappe de la prison que l’on fait de son corps. La beauté du geste est la beauté du corps. Le geste abouti est ce qu’il y a de plus beau dans l’être.
Il n’est pas nécessaire de contraindre le corps et l’esprit à la souffrance, en contenant tout ou en construisant un artifice. Vouloir un sauvetage du corps pour garder son image sociale, n’est que maladie de l’esprit. La libération du corps passe par la libération de l’esprit et vice-versa. Libérer l’esprit de cette envie de vouloir contenir le corps, lui donner l’espace pour l’expression du geste abouti. Le geste abouti libère le corps et l’esprit se sent mieux. Un esprit moins soucieux de paraître donne sa dimension vraie au corps.
Abandonner le corps et l’esprit, c’est libérer le corps et l’esprit pour faire l’expérience de son éternel inachèvement et de ses infinies possibilités d’égarement – l’oubli de soi. Ainsi, abandonner le corps et l’esprit c’est se donner le droit d’être soi-même. Lors de la pratique, tant que l’on n’est pas parvenu à cette acceptation d’être ce que l’on est - parce que nous sommes soucieux de ce que nous représentons pour la pratique et ce que la pratique représente pour nous -, le chemin est perçu comme réparation. Se réparer pour paraître socialement correct et échapper ainsi à sa solitude. Abandonner le corps et l’esprit, c’est l’expression de ce qui est vrai. Ce qui est vrai en nous, nous bouleverse et notre regard sur nous et sur les autres finit par se transformer. Le seul rapport que l’on finit par entretenir avec le monde devient alors l’amour de la vie. Ce que l’on est socialement n’a plus d’importance, ce que j’amasse pour moi seul n’a plus d’importance, je me risque à partager ce qui prend racine dans ma pratique, je renonce à cette affirmation de soi qui n’est que déguisement et bavardage. Je vis ce qui est, de façon à accepter l’imprévisible pour l’amour du geste vrai, et c’est dans l’oubli de soi que cela est possible. Abandonner le corps et l’esprit n’est que s’oublier soi-même.

Kakudo sensei | Causerie Impromptu | Kosan Hosen Ji  | Comprendre  Shin Jin Datsuraku autrement | buddhachannel.tv

Date de la première publication 14.03.10

(Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium )
Une faute d'orthographe, une erreur à signaler ? Une précision à apporter ? Ecrivez nous http://goo.gl/Ffv5
Photo copyright Google