jeudi 20 mai 2010

Mes notes | discussions informelles avec Kakudo Sensei

Ce matin je demandai à Kakudo Sensei ce qu’il ressentait quand certaines personnes partaient, ce dernier me répondit :
-Tu parles de ceux qui ne viennent plus pratiquer ? 
 Je répondis par l’affirmatif.
Alors il me dit :  ces personnes qui partent nous permettent de développer en quelque sorte une qualité essentielle, celle d’accepter l’autre dans ce qu’il est. Accepter ces départs, c’est accepter l’absence, c’est aussi accepter que l’on ne puisse jamais être la solution de l’autre. Dans ma vie il y a toujours eu une place pour l’impromptu, le parler et l’agir sans apprêt et je n’ai jamais ressenti le besoin d’exister en m’entourant d’une cour. L’impromptu, c’est une autre façon de ne pas construire sa vie sur l’attachement ou sur le non-attachement. Le parler et l’agir sans apprêt c’est une autre façon d’être courageux et d’oser la relation hors d’un idéalisme couard qui se détourne des besoins de l’autre et des siens.  
Quand quelqu’un part, je lui dis sincèrement tout simplement : prends bien soin de toi. 
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Devant une tasse de café, je demandai à Kakudō Sensei, pourquoi avoir écrit que Shin Jin Datsuraku c'est s'oublier soi-même ?
- Tu aimerais que cela soit une expérience à mettre dans les annales des grands moines zen, ou une procédure de réparation du corps et de l'esprit amenant au Satori alors que c'est tout simplement la pratique de Shikantaza? Zazen sous la forme de Shikantaza c'est s'oublier soi-même. Donc Shin Jin Datsuraku c'est s'oublier soi-même. Rien de plus et rien de moins. CQFD. Ce n’est surement pas ce que tu as lu, n’est-ce pas ? 
 - Non lui dis-je.
 Je vois bien, suis ton inspiration c’est l’essentiel, car Shinjin datsuraku c’est aussi le droit d’être soi-même. Si cela peut t’aider Maitre Dōgen disait :" A zen master's life is one continuous mistake",  donc attends toi à faire aussi des erreurs.
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Ce matin je relatai à kakudo Sensei les difficultés que je rencontrai pour expliquer ma pratique à mon entourage.
Ce dernier me dit : il faut se faire une raison, la pratique semble être hors de ce qui est dicible. Elle ne peut que se montrer. Toutes tentatives à vouloir donner du sens sont vouées à des contresens. Humblement, il nous faut laisser la pratique se montrer.
Je lui dis qu'il nous faut être vachement humble, parce que cela peut prendre un temps infini pour que ce soit éventuellement peut-être montrable.
Il me dit : justement, ce n'est pas du domaine du montrable, elle se laisse montrer par et d'elle même. Ce n'est pas une question de temps, mais de réalisation.
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[Après le zazen de 6 :30 21.04.10] J’ai demandé à Kakudō Sensei d’où lui venait cette idée de Thinking Big living small et pourquoi en avait-il fait son mot d’ordre personnel ? 

Cette maxime n'est pas de moi elle est de Jayesh Bhai, me dit-il. Il serait bon pour  notre communauté qu'elle n’ait plus peur de vivre ses rêves comme celui de vouloir être fidèle à elle-même. Mais comment vivre ses rêves tout en pensant sans.
Qu’est-ce que c’est que penser sans,  lui demandais-je ?
Ne pas trop s’accrocher aux fait que nous n’avons pas grand-chose, que nous ne représentons pas grand-chose et se concentrer et agir avec ce que nous avons, A bien considérer les choses, individuellement nous avons tous des capacités et surtout une énergie hors du commun. Pour être efficace, il nous faudrait simplifier encore plus notre manière de vivre donc de réduire nos aspirations et nos besoins inutiles. 
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 Ce matin il me dit à l’arrêt du tram 15  :
 Trop bavard, trop bruyant, trop voyant, trop désireux de donner des leçons [ou à faire la leçon]. Il y a une sorte d’incontinence maladive à vouloir que l’autre nous adule. D'ailleurs, pourquoi devrait-il nous aduler ? Je me le demande. Tout au plus devrions-nous lui donner envie de s’en sortir par lui-même pour retrouver sa fierté d’Homme. Vu sous un certain angle, ce n’est pas gratifiant. Si je peux en aider un et nous ensembles quelques uns, que voulons nous de plus ? De la notoriété ? 
Nous devrions faire l’apprentissage de nous taire. Vous savez, pour moi un moine c’est un homme sans voix dont les actes de compassion qui agissent à l’insu de son plein gré sont des cris de révolte. Je passe pour un affreux mystique pour ceux qui ont une définition péjorative du mystique.
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J'ai demandé à Kakudo Sensei de m'éclairer au sujet de la spiritualité. Ce dernier me dit : à bien réfléchir, la spiritualité peut être une sorte de construction pragmatique et intime en quatre dimensions : une quête de sens, une relation avec une transcendance, une identité et des valeurs. Succinctement, au niveau de la personne il y aurait la recherche [pour passer tant bien que mal ce moment dans le samsâra] d'une cohérence formelle ou informelle entre : l'intériorité/l'extériorité et le corps/l'esprit... 
Ce n'est pas dans ce tram que nous allons statuer. A moins que l'un de nous, à la sonnerie intempestive d'un portable, parvienne à l'éveil subit."


Kiro
Je ne suis pas  disciple de Kakudō Sensei, il ne le voudrait pas. Il n’a fait que répondre à mes questions qui n'ont de loin rien à voir  avec celles d'experts  et lui même n'a jamais joué  le professeur de Zen.



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mercredi 19 mai 2010

Le face à face face au mur.

Lorsque l’on parle d’une relation face à face dans le Zen, à quoi fait-on référence ? Il est vrai que l’on n’est pas souvent face à face, mais côte à côte et face au mur. Que symbolise ce mur ? Le soi-même qui nous est commun. Face à face avec son maître, c’est faire zazen à ses côtés et oser le partage de ce soi-même.
Dans une interaction face à face, il y a ce risque d’être défiguré par ce que nous renvoie l’autre comme une éventualité inconnue ou intolérable. C’est le risque qu’encourt toute personne engagée dans une relation, d’où l’usage du masque pour ne pas perdre la face. 
Comment ne pas perdre la face, ne pas être défiguré ? 
Ne jamais perdre de vue que la pratique face à face n’ est pas exempte d’une recherche de reconnaissance si bien qu’elle devient parfois une sorte de partage affectif avec l’autre, une attente implicite d’une place ou d’un rôle à la mesure de notre singularité. Si lors de la relation de face à face avec le maître, l’image renvoyée n’a jamais été perçue comme une éventualité, on n’est plus à sa place et on perd la face.
Bien que nous soyons côte à côte, le maître reste le maître et nous, nous restons nous-mêmes, c'est la singularité de l'histoire de chacun. Vouloir faire reconnaître la nôtre, celle de notre histoire personnelle, n’est pas si aisé, car elle ne l’est qu’en fonction d’un interlocuteur qui, lui, a aussi sa propre singularité. Côte à côte, en zazen et sans masque, le maître nous reconnaît comme disciple. Côte à côte, en zazen, la relation est en équilibre, mais elle est instable si on ne se reconnaît pas à cette place de disciple et l'autre à la place de maître.

Causerie impromptu | Hogan Hosen ji| Kakudo

jeudi 13 mai 2010

Buddhist warefare | Les Guerres Bouddhistes

Nous avons parfois une vision  idéalisée du bouddhisme, celle d’une religion de paix et de non-violence, alors que  l’histoire nous montre qu’il n’a pas été et n’est pas  exempt de discours et de faits de violence tout comme le judaïsme, le christianisme et l’islam. Ce qu’il faut savoir c’est que certaines autorités bouddhistes ont aussi participé activement à la guerre et ont justifié la  violation de leurs principes éthiques tout comme les autres religions.
L'ouvrage examine les actions militaires menées au Tibet, en Chine, en Corée, au  Japon, en Mongolie, au Sri Lanka et en Thaïlande. Il dévoile que même cette tradition, que l’on désigne comme la plus pacifique que le monde ait connue,  connait les affres de la violence humaine. Les huit articles de ce livre montrent que les organisations bouddhistes ont utilisé des images religieuses et de la rhétorique pour soutenir les conquêtes militaires.
Au sixième siècle,  certains soldats bouddhistes en Chine ont reçu le statut de Bodhisattva, après qu’ils aient tué leurs adversaires. En dix-septième siècle au Tibet, le Dalaï-Lama a approuvé un souverain mongol dans l’élimination physique de ses rivaux. Et de nos jours en Thaïlande, des moines bouddhistes soldats exécutent  des  tâches d'infiltration en étant armés.

Auteurs :M.Jerrison & J. Meyer

Relié: 272 pages
Editeur : Oxford University Press Inc (11 février 2010)
Langue : Anglais
ISBN-10: 0195394836
ISBN-13: 978-0195394832

mardi 11 mai 2010

Les quatre Nobles Vérités | Retour à l'essentiel


Dans son sermon à Bénarès, Bouddha révéla sa doctrine à ses cinq compagnons sous la forme des Quatre Nobles Vérités qui constitueront le fondement de tout son enseignement. Sa logique s’inspire du diagnostic et de la prescription médicale : - Identification du problème et de sa cause, appréciation d’une possibilité de guérison et le traitement.

La première Noble Vérité concerne dukkha, un terme que l’on traduit habituellement par souffrance. Selon Bouddha, la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, tous sont dukkha. Être séparé de ceux que nous aimons ou être lié à ceux que nous n’aimons pas est dukkha. Ne pas parvenir à nos fins et ne pas obtenir ce que l’on désire est dukkha. En conclusion, l’attachement à la vie (ordinaire) est dukkha. Dans son enseignement, Bouddha présente la souffrance comme une caractéristique de tous les êtres sensibles. C’est la manière dont nous usons de la vie qui crée la souffrance ou plus exactement notre acharnement à vouloir ce qui nous est impossible (soif). Ce comportement conduit inévitablement à faire l’expérience de l’impossibilité d’assouvir tous nos désirs et nous laisse un goût persistant d’amertume.

La deuxième Noble Vérité concerne la cause de l’amertume. Elle prend racine dans une conception erronée du soi et de l’oubli volontaire que la vie nous échappe et qu’elle mue au gré de nos convoitises. C’est concevoir qu’il ne puisse y avoir une connaissance de soi sans une volonté à vouloir donner un sens à la vie, sous la forme d’un désir égotique de vouloir la mettre sous son contrôle. En résumé, il y a confusion entre la réalité concrète et sa conception abstraite, et l’ignorance que tout effort pour le contrôle de la vie équivaut à vivre dans la frustration. Le mode d’existence qui en découle est le Samsara. Tendre vers un but dont le motif serait d’assouvir ses propres désirs ou convoitises, enferme dans ce cercle vicieux (actions conditionnées, karma) où il y aurait l’obligation de toujours devoir intervenir et où un problème à maîtriser suscite d’autres problèmes et développe ce que Bouddha appelle les trois poisons : 1) Avidité, convoitise, 2) arrogance, colère, jalousie 3) stupidité, ignorance.

La troisième Noble Vérité concerne la possibilité d’une guérison si ce cercle vicieux est interrompu. La cessation de l’amertume et de la frustration est souvent appelée Nirvana. Etymologiquement, ce terme peut avoir diverses racines - moksha (délivrance) ou vritti (cessation de processus cyclique de l’esprit) - mais a le sens d’un état auquel on parvient lorsque l’on a renoncé à tendre vers un but dont le motif seraient ses propres désirs. On ne peut que faire le constat de cette impossibilité de désirer le nirvana, car le convoiter serait se mettre sous la coupe du cercle vicieux. Le nirvana est, quand le sens est à l’abandon et la pensée au dénuement (état où il y a cessation de production des trois Poisons : ignorance, avidité et haine). Le nirvana est, lorsque l’on prend pleinement conscience de l’impossibilité de se connaître soi-même au travers de cette volonté égotique de mettre sa vie sous le contrôle de ses seuls désirs. Le nirvana n’est pour l’homme ordinaire souvent qu’un instant fugace, mais revivifiant, où l’esprit atteint son état naturel et laisse paraître la possibilité d’actions qui ne procurent plus d’amertume. Ceux qui parviendraient sans aucune motivation, sans aucune acquisition, à l’indifférenciation et à transcender toutes les dualités ne s’apercevraient pas qu’ils sont en nirvana, ils seront tels quels.

La quatrième Noble Vérité, plus connue sous l’appellation de l’Octuple Voie, décrit le traitement ou la méthode par laquelle l’amertume et la frustration sont jugulées. Les huit prescriptions ou sections de la Voie peuvent être regroupées comme suit : - Les deux premières concernent la pensée ou la sagesse, les quatre suivantes l’action ou l’éthique et les deux dernières la contemplation ou l’attention. Chacune de ces prescriptions est précédée de la qualification de sammâ en pali, qui signifie juste. Ce qualificatif de juste ne peut pas se limiter au seul sens d’équitable et de justice, mais a aussi le sens de précis, mesuré. Juste peut vouloir aussi dire, ce qui est nécessaire et suffisant. Les huit prescriptions sont :
1) Prajñâ, pensée, sagesse : Compréhension correcte de la doctrine.
Sammâ ditthi : compréhension juste, ou vision juste (de la réalité, des Quatre Nobles Vérités).
Sammâ samkappa : pensée juste, ou émotion juste (dénuée de haine, d'avidité et d'ignorance).
2) Shîla, l’action, la moralité, la discipline, l'éthique : Préceptes de comportement.
Sammâ vâcâ : parole juste (ne pas mentir, ne pas semer la discorde par ses paroles, ne pas parler abusivement).
Sammâ kammanta : action juste (respectant les 5 préceptes).
Sammâ âjîva : moyens d'existence justes.
3) Samâdhi, la contemplation, la concentration, l’attention : ''Pratique mentale."
Sammâ vâyâma : effort juste (de surmonter ce qui est défavorable et d'entreprendre ce qui est favorable).
Sammâ sati : attention juste, ou prise de conscience juste (des choses, de soi - son corps, ses émotions, ses pensées - des autres, de la réalité).
Sammâ samâdhi : établissement de l'être dans l'Eveil (vipassana).
L’enseignement du Bouddha est une pratique dont la rectitude implique de vivre en accord avec trois formes différentes de faire : – La compréhension, le comportement, la pratique – hors champs d’application de son égocentrisme. Ces prescriptions sont concomitantes (chacune contient toutes les autres et à la fois les génère et s’en nourrit), elles doivent être pratiquées simultanément. L’Octuple Voie mériterait que l’on s’y attarde plus longuement, afin de ne pas se laisser induire en erreur par les mots et les classifications. C’est pour cette raison qu’elle fera l’objet d’un développement plus conséquent.


(Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium )
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dimanche 9 mai 2010

Les trois entrainements

La quête du confort, par ces temps, est devenue une priorité. Cela nous mène à un déploiement de moyens et d’artifices pour nous procurer tout ce dont nous pensons être nécessaire pour mener une existence jugée correcte. Si bien qu’il nous arrive de confondre le besoin d’une qualité de vie avec la qualité de la vie. La vie, pour un petit nombre d’entre nous, est de loin plus agréable - sur le plan matériel - que pour une grande majorité de gens qui vivent dans les régions défavorisées du globe. Et pourtant entourés de nos gadgets - matériels ou outils psychologiques - à mieux-être, nous nous sentons de plus en plus esseulés. Le facteur " niveau de vie " qui y contribue pour une part ne semble plus suffire à nos besoins de qualité de vie. Il n’est pas difficile de s’apercevoir qu’elle ne dépend pas exclusivement de nos acquisitions et de notre environnement mais en grande partie de la relation que nous entretenons avec un tout. La qualité de cette relation est dépendante de l’état de notre esprit. Lorsque ce dernier connaît certains manquements, il est difficile de s’apprécier, d’apprécier ceux qui nous entourent et de jouir sainement de ce que l’on a. A vouloir le bonheur, à tout prix on finit par le vouloir à n’importe quel prix. Cette attitude active des éléments perturbateurs comme la jalousie, les craintes, la haine. D’où cette difficulté de nous maintenir dans un état de quiétude. Notre esprit sous l’emprise de l’agitation finit par se morceler et par créer le désordre en nous. C’est avec cet outil – l’esprit – rendu non efficient que nous percevons notre vie qui s’hypertrophie d’habitudes, de fixations à un semblant de permanence. Elle finit par se figer sur la défensive pour ne pas perdre le contrôle et éloigner le spectre du mal-être. Cette situation faite de déconvenues et de plaisirs devient pour nous le monde véritable d’où prennent source, à notre insu, nos insatisfactions qui engendrent nos souffrances. Serions-nous naturellement réfractaires au bonheur? Est-ce cela ce fameux monde du samsara? Peut-on espérer pouvoir s’y soustraire? Maître Dôgen dit dans le Genjokoan qu’il nous faut la volonté de se connaître soi-même. Pour Saint Augustin se connaître soi-même, c’est tout d’abord se quaerere, rechercher ce soi-même, le grand problème que je suis pour moi-même (Conf .X 25,50). Cette quête de soi-même pour l’un n’est possible que par l’aide de Dieu, pour l’autre, par l’étude du Bouddhisme. Pour y parvenir, autant Saint Augustin que Maître Dôgen, suggèrent l’abandon de l’être monde, de ne plus être un instrument du monde. Dès qu’il y a une quête, tant chez Saint-Augustin que chez Maître Dôgen, il y a naturellement abandon et rupture avec le monde. Le salut, l’abandon ou la rupture avec le monde – celui du samsara – n’est possible dans la voie Bouddhique – celle de Maître Dôgen – que par cette volonté de se connaître soi-même. C’est la quête, sa quête. Dès qu’il y a une quête, il y a automatiquement naissance d’une discipline et, pour y parvenir sans encombre, il est nécessaire de s’appuyer sur cette discipline, hors du sens commun de contrainte ou d’adaptation.Cette quête est irréalisable sous la crainte ou par l’adaptation. Cela s’apparenterait plus à une attitude destructrice car elle cause le conflit, l’ambition, la résistance et l’anxiété. La discipline dont il est fait mention n’est pas celle dont on aurait besoin pour matérialiser une ambition. Comment y parvenir ?

De la méditation.
Comme tout prend source dans l’agitation de l’esprit, il est nécessaire de parvenir à le stabiliser afin qu’il cesse d’être morcelé. Si nous étions plus attentifs aux répercussions de nos paroles et de nos actes, nous créerions moins de conflits et moins de conflits c’est déjà moins de souffrance. Il nous faut nous entraîner à la concentration. Comment ? En se réservant un espace de méditation et en évitant de se contraindre. La méditation pleinement acceptée, celle qui est pratiquée sans ambition, sans attente, permet de développer l’attention, l’a-tension, la vigilance, et à percevoir ce qui est. Moins agité, moins morcelé, cet esprit devient plus clair et nous pouvons prendre conscience de ce que nous faisons, de ce que nous commettons ou de ce que nous sommes. Nous devenons plus responsable, plus ouverts et plus bénéfique à autrui.

De l’éthique.
L’action de méditer n’est pas un acte spirituel ou religieux, c’est seulement une discipline qui met un certain ordre dans notre mental. Cet ordre qui nous fait défaut. Mais elle ne peut être plus opérante que quand elle peut prendre racine dans une quête de sens, ou s’appuyer sur une base éthique. Dire, aujourd’hui, qu’il nous faille une certaine dose de vertu fait ringard. S’appliquer à la vertu, ce n’est qu’apprendre à ne pas souhaiter et vouloir nuire à autrui et à soi-même. Ne pas souhaiter le conflit et vouloir l’harmonie : c’est un travail à effectuer sur soi-même que de vouloir changer le monde et les autres. Vouloir agir dans ce sens n’est que pure folie.

De la sagesse.
La concentration nous donne une certaine maîtrise de l’esprit. C’est ce qui pousse certains individus à vouloir méditer, car cela procure de l’ascendant sur autrui. D’où cette nécessité d ’y adjoindre une quête de sens et de transcendance. Mais cela ne suffit pas. L’individu qui s’adonne à la méditation et à la vertu doit se protéger en développant sa sagesse. Cette sagesse qui construit une compassion juste, celle qui ne naît pas de la sensiblerie. Afin qu’il puisse dire ce qu’il veut, ce qu’il attend sans développer en lui, la contradiction, la compétition, la différence, la fixation, la haine, la jalousie, la peur, l’attachement. La sagesse qui lui permettra de ne pas vivre sa quête sous l’emprise de la confusion comme celle de croire que ces actions impulsives sont de l’intuition et finalement de créer une autre forme de souffrance. Cela serait contraire à la voie Bouddhique.
Le bonheur ne peut naître que de la maîtrise de cet esprit qui crée un monde chimérique. Ce monde de chimères prend racine en nous. Tous, nous avons une histoire. Tous, nous avons bâti une ligne de défense qui finalement ne nous permet plus de saisir et de comprendre notre propre nature. Seulement s’offrir à la voie tels que nous sommes et non pas tels que nous voulons, alors notre pratique pourrait prendre une autre dimension. L’acte de méditer, la voie, devient religieux et spirituel, c’est la réalisation.

Causerie | impromptu |Kogan Hosenji | Retranscrit par Sr Jiho Myoshitsu