mardi 11 mai 2010

Les quatre Nobles Vérités | Retour à l'essentiel


Dans son sermon à Bénarès, Bouddha révéla sa doctrine à ses cinq compagnons sous la forme des Quatre Nobles Vérités qui constitueront le fondement de tout son enseignement. Sa logique s’inspire du diagnostic et de la prescription médicale : - Identification du problème et de sa cause, appréciation d’une possibilité de guérison et le traitement.

La première Noble Vérité concerne dukkha, un terme que l’on traduit habituellement par souffrance. Selon Bouddha, la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, tous sont dukkha. Être séparé de ceux que nous aimons ou être lié à ceux que nous n’aimons pas est dukkha. Ne pas parvenir à nos fins et ne pas obtenir ce que l’on désire est dukkha. En conclusion, l’attachement à la vie (ordinaire) est dukkha. Dans son enseignement, Bouddha présente la souffrance comme une caractéristique de tous les êtres sensibles. C’est la manière dont nous usons de la vie qui crée la souffrance ou plus exactement notre acharnement à vouloir ce qui nous est impossible (soif). Ce comportement conduit inévitablement à faire l’expérience de l’impossibilité d’assouvir tous nos désirs et nous laisse un goût persistant d’amertume.

La deuxième Noble Vérité concerne la cause de l’amertume. Elle prend racine dans une conception erronée du soi et de l’oubli volontaire que la vie nous échappe et qu’elle mue au gré de nos convoitises. C’est concevoir qu’il ne puisse y avoir une connaissance de soi sans une volonté à vouloir donner un sens à la vie, sous la forme d’un désir égotique de vouloir la mettre sous son contrôle. En résumé, il y a confusion entre la réalité concrète et sa conception abstraite, et l’ignorance que tout effort pour le contrôle de la vie équivaut à vivre dans la frustration. Le mode d’existence qui en découle est le Samsara. Tendre vers un but dont le motif serait d’assouvir ses propres désirs ou convoitises, enferme dans ce cercle vicieux (actions conditionnées, karma) où il y aurait l’obligation de toujours devoir intervenir et où un problème à maîtriser suscite d’autres problèmes et développe ce que Bouddha appelle les trois poisons : 1) Avidité, convoitise, 2) arrogance, colère, jalousie 3) stupidité, ignorance.

La troisième Noble Vérité concerne la possibilité d’une guérison si ce cercle vicieux est interrompu. La cessation de l’amertume et de la frustration est souvent appelée Nirvana. Etymologiquement, ce terme peut avoir diverses racines - moksha (délivrance) ou vritti (cessation de processus cyclique de l’esprit) - mais a le sens d’un état auquel on parvient lorsque l’on a renoncé à tendre vers un but dont le motif seraient ses propres désirs. On ne peut que faire le constat de cette impossibilité de désirer le nirvana, car le convoiter serait se mettre sous la coupe du cercle vicieux. Le nirvana est, quand le sens est à l’abandon et la pensée au dénuement (état où il y a cessation de production des trois Poisons : ignorance, avidité et haine). Le nirvana est, lorsque l’on prend pleinement conscience de l’impossibilité de se connaître soi-même au travers de cette volonté égotique de mettre sa vie sous le contrôle de ses seuls désirs. Le nirvana n’est pour l’homme ordinaire souvent qu’un instant fugace, mais revivifiant, où l’esprit atteint son état naturel et laisse paraître la possibilité d’actions qui ne procurent plus d’amertume. Ceux qui parviendraient sans aucune motivation, sans aucune acquisition, à l’indifférenciation et à transcender toutes les dualités ne s’apercevraient pas qu’ils sont en nirvana, ils seront tels quels.

La quatrième Noble Vérité, plus connue sous l’appellation de l’Octuple Voie, décrit le traitement ou la méthode par laquelle l’amertume et la frustration sont jugulées. Les huit prescriptions ou sections de la Voie peuvent être regroupées comme suit : - Les deux premières concernent la pensée ou la sagesse, les quatre suivantes l’action ou l’éthique et les deux dernières la contemplation ou l’attention. Chacune de ces prescriptions est précédée de la qualification de sammâ en pali, qui signifie juste. Ce qualificatif de juste ne peut pas se limiter au seul sens d’équitable et de justice, mais a aussi le sens de précis, mesuré. Juste peut vouloir aussi dire, ce qui est nécessaire et suffisant. Les huit prescriptions sont :
1) Prajñâ, pensée, sagesse : Compréhension correcte de la doctrine.
Sammâ ditthi : compréhension juste, ou vision juste (de la réalité, des Quatre Nobles Vérités).
Sammâ samkappa : pensée juste, ou émotion juste (dénuée de haine, d'avidité et d'ignorance).
2) Shîla, l’action, la moralité, la discipline, l'éthique : Préceptes de comportement.
Sammâ vâcâ : parole juste (ne pas mentir, ne pas semer la discorde par ses paroles, ne pas parler abusivement).
Sammâ kammanta : action juste (respectant les 5 préceptes).
Sammâ âjîva : moyens d'existence justes.
3) Samâdhi, la contemplation, la concentration, l’attention : ''Pratique mentale."
Sammâ vâyâma : effort juste (de surmonter ce qui est défavorable et d'entreprendre ce qui est favorable).
Sammâ sati : attention juste, ou prise de conscience juste (des choses, de soi - son corps, ses émotions, ses pensées - des autres, de la réalité).
Sammâ samâdhi : établissement de l'être dans l'Eveil (vipassana).
L’enseignement du Bouddha est une pratique dont la rectitude implique de vivre en accord avec trois formes différentes de faire : – La compréhension, le comportement, la pratique – hors champs d’application de son égocentrisme. Ces prescriptions sont concomitantes (chacune contient toutes les autres et à la fois les génère et s’en nourrit), elles doivent être pratiquées simultanément. L’Octuple Voie mériterait que l’on s’y attarde plus longuement, afin de ne pas se laisser induire en erreur par les mots et les classifications. C’est pour cette raison qu’elle fera l’objet d’un développement plus conséquent.


(Texte contrôlé avec The plagiarism Checker University of Maryland et sur plagium )
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