mercredi 19 mai 2010

Le face à face face au mur.

Lorsque l’on parle d’une relation face à face dans le Zen, à quoi fait-on référence ? Il est vrai que l’on n’est pas souvent face à face, mais côte à côte et face au mur. Que symbolise ce mur ? Le soi-même qui nous est commun. Face à face avec son maître, c’est faire zazen à ses côtés et oser le partage de ce soi-même.
Dans une interaction face à face, il y a ce risque d’être défiguré par ce que nous renvoie l’autre comme une éventualité inconnue ou intolérable. C’est le risque qu’encourt toute personne engagée dans une relation, d’où l’usage du masque pour ne pas perdre la face. 
Comment ne pas perdre la face, ne pas être défiguré ? 
Ne jamais perdre de vue que la pratique face à face n’ est pas exempte d’une recherche de reconnaissance si bien qu’elle devient parfois une sorte de partage affectif avec l’autre, une attente implicite d’une place ou d’un rôle à la mesure de notre singularité. Si lors de la relation de face à face avec le maître, l’image renvoyée n’a jamais été perçue comme une éventualité, on n’est plus à sa place et on perd la face.
Bien que nous soyons côte à côte, le maître reste le maître et nous, nous restons nous-mêmes, c'est la singularité de l'histoire de chacun. Vouloir faire reconnaître la nôtre, celle de notre histoire personnelle, n’est pas si aisé, car elle ne l’est qu’en fonction d’un interlocuteur qui, lui, a aussi sa propre singularité. Côte à côte, en zazen et sans masque, le maître nous reconnaît comme disciple. Côte à côte, en zazen, la relation est en équilibre, mais elle est instable si on ne se reconnaît pas à cette place de disciple et l'autre à la place de maître.

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