dimanche 8 août 2010

Hakkotsu Sho : Lettre sur les cendres blanches de Rennyo Shônin

Or ça, si nous contemplons soigneusement le caractère flottant de la condition humaine, nous réalisons qu'une existence est illusoire en son début, en son milieu et en sa fin. Ainsi passe la vie, que nous n'avons jamais entendu parler de quelqu'un qui aurait obtenu une existence humaine de dix mille ans: même maintenant, combien d'entre nous garderont-ils leur corps pendant cent ans?
Serai-je le premier, ou serait-ce un autre ? Aujourd'hui, ou demain ? Nous ne le savons pas. Ceux qui nous ont précédés et ceux qui nous suivent sont plus abondants que les gouttes au pied d'un arbre et la rosée à son sommet.
Ainsi, notre corps peut être resplendissant le matin, et cendres blanches le soir même. Souffle le vent de l'impermanence, que déjà nos yeux se ferment pour toujours. Dès que passe le dernier souffle, notre belle apparence se fane comme le prunier ou le pêcher. Alors, tous nos proches ont beau se réunir : leurs lamentations n'y feront rien! Il n'y a plus rien d'autre à faire que de nous emmener dans un champ pour que nous partions en fumée dans la nuit profonde, en ne laissant que des cendres blanches. Comme tout cela est pitoyable !
Ainsi, comme la fragilité de la condition humaine n'épargne ni les jeunes ni les vieux, chacun doit urgemment examiner dans son cœur le grand problème de la vie à venir, avoir la foi profonde dans le Bouddha Amida et dire le Membutsu !
Très respectueusement vôtre.

Texte de Rennyo Shônin  lu lors de la cérémonie des funérailles du vénérable Jean Eracle(1930-2005) En religion Shaku Jôan Le maître de la loi.

Traduction de Rv. Jérôme Ducor reproduction selon son accord. Privat-docent à la section des langues et civilisations orientales de l'Université de Lausanne depuis 1993, il est le conservateur du département Asie du Musée d'ethnographie de la Ville de Genève depuis 1995.