mercredi 29 décembre 2010

Reflexion. Entretien avec Rév. Kakudo Pierre Gerard

Extrait de l'article " Dieu et L'argent" de Pierre-Yves Frei, in Bilan 15.12.10


«Le spirituel et le bien-être matériel ne sont pas à opposer» Selon Jean-Yves Kakudo Pierre Gérard, maître zen à Genève, vivre selon les principes du Bouddha ne nécessite pas d’échafauder une théorie économique. Quoique...
Bilan La richesse matérielle est-elle coupable dans le bouddhisme?
Jean-Yves Kakudo Détenir des biens n’est pas en soi une mauvaise chose. C’est notre rapport à ces biens qui peut poser problème. Si l’on est obsédé par la possession et l’accumulation, on cède alors à l’avidité qui, selon Bouddha, est à l’origine de la souffrance humaine. Se détacher de cette avidité qui est le fruit de notre narcissisme est le but de la pratique bouddhique. Cette vérité vaut aussi bien pour celui qui ne possède qu’une poule et deux canards que pour celui qui est assis sur un tas d’or. Cela dit, le spirituel et le bien-être matériel ne sont pas à opposer.

B La charité est-elle enseignée dans le bouddhisme?
JYK Nous parlons plus volontiers de compassion et d’empathie. Et on pourrait même préciser de juste équilibre. La pensée bouddhiste est profondément systémique. Chacun de nos actes influence notre environnement direct et par ricochet le monde entier. Nous devons donc penser en permanence aux conséquences de nos actes. En ce sens, on peut imaginer que le riche, pour participer à l’équilibre du monde, se doive de lutter contre la pauvreté s’il veut atteindre ses objectifs. L’autre n’est pas qu’un moyen ou un coût, l’autre est aussi acteur de sa réussite. Ce n’est pas lui faire de la charité, ce n’est qu’une juste rétribution.

Comment expliquer le succès du bouddhisme en Occident?
JYK C’est probablement en partie en réaction à la culture développée en Occident depuis des siècles, une culture du tout pour le sujet, qui cherche désespérément sa propre satisfaction. Cela a conduit nos sociétés à un hyperconsumérisme qui a fini par déstabiliser nos relations sociales et à accoucher d’un monde d’agressivité, de solitude et surtout de souffrances physiques et psychiques. L’Occident a redécouvert dans le bouddhisme qu’il n’est pas juste de considérer les biens au détriment des personnes, que le travail doit se concevoir comme un moyen pour développer ses facultés, dominer son égocentrisme et produire des biens et des services pour exister décemment. L’Occident a longtemps prêché: consommez plus et vous irez mieux. Le bouddhisme a un discours différent: il est possible d’être satisfait sans renoncer à la consommation, mais en la pratiquant de façon adéquate.



Nous ne sommes pas les auteurs de ce texte : pour reproduire  © Bilan  Pour lire l'intégralité de cet article : Pierre-Yves Frei  , "Dieu et Argent ", Bilan.ch  15 décembre 2010 - Dieu et Argent